Les pratiques de gestion des sols agricoles : leurs effets et l'adoption des innovations
Centre wallon de Recherches Agronomiques – Département Durabilité, systèmes et prospectives – Unité Sols, eaux et productions intégrées
Frédéric Vanwindekens
Les pratiques innovantes de gestion des sols agricoles en Europe
La gestion des sols est une pierre angulaire des systèmes agricoles et joue un rôle central entre un écosystème cultivé d'une part et un système technique, social et économique d'autre part. Le sol agit comme un tampon pour les ressources en eau et pour le maintien des cycles de nutriments, sa fertilité et sa santé ont toujours eu une influence directe sur la productivité des systèmes alimentaires et agricoles.
En Europe, les pratiques de gestion des sols agricoles sont variées et s'ancrent dans des systèmes agraires diversifiés. L'étude de ces pratiques est au cœur de notre recherche qui s'est déclinée en quatre axes : 1. La réalisation d'un inventaire de ces pratiques dans lequel elles sont décrites, ainsi que les conditions de leur application et leurs potentiels effets sur les challenges du XXIe siècle ; 2. La cartographie de leur application actuelle dans les régions agroécologiques de 24 pays ; 3. L'établissement d'un cadre méthodologique pour l'identification des zones potentielles de diffusion des pratiques sur base des variables bio-physiques (environnementales) ; 4. L'étude systémique des barrières et des opportunités liées à l'adoption des pratiques innovantes, en tenant compte des variables socio-économiques.
Lors de notre intervention au Festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation, nous orienterons la présentation sur les pratiques liées à l'agriculture de conservation, prise comme cas d'étude particulier dans le cadre de notre projet. Nous dresserons un état des lieux de leur application au niveau européen, présenterons les principales variables environnementales qui pourraient contraindre leur diffusion et, enfin, nous identifierons les principaux facteurs qui viennent favoriser ou freiner l'adoption de ces pratiques dans les zones où elles sont applicables.
Brieuc HARDY
L’effet des pratiques agricoles sur la colonisation du froment d’hiver par les champignons mycorhiziens à arbuscules en région wallonne
Les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA) sont connus pour améliorer la nutrition minérale et la résistance des plantes cultivées aux stress biotiques et abiotiques. Dans le cadre du projet MicroSoilSystem, le CRA-W a suivi un réseau de 48 parcelles en ferme soumises à des conduites culturales et des conditions pédoclimatiques contrastées afin d’identifier les principaux facteurs agronomiques favorables ou défavorables aux CMA naturellement présents dans les sols agricoles de Wallonie.
De ce travail, il ressort que l’abondance des CMA dans les racines de froment semble être gouvernée en grande partie par le cycle cultural. Des cultures « améliorantes » et « affaiblissantes » des populations de CMA se distinguent. Les principales cultures améliorantes sont la prairie temporaire et le maïs. Les principales cultures affaiblissantes sont les cultures et intercultures non mycotrophes comme la betterave, le colza, la moutarde et probablement la phacélie. Les parcelles en agriculture biologique ont montré en moyenne un niveau de mycorhization supérieur à celui des terres conventionnelles (9 des 10 parcelles les plus mycorhizées sont gérées en AB), sans doute lié à une rotation plus favorable, à une faible utilisation de produits phytosanitaires et à une fertilisation limitante en N. De manière contre-intuitive, l’intensité de travail du sol et la concentration en P disponible apparaissent comme des facteurs largement secondaires par rapport au cycle cultural à l’échelle du réseau. Le développement des CMA étant intimement lié à l’activité des plantes qui les hébergent, le maintien d’un couvert permanent ou l’utilisation de plantes compagnes dans les cultures de crucifères ou de chénopodiacées apparaissent comme des leviers prometteurs pour favoriser les populations indigènes de CMA.
Bastien DURENNE
Évaluer le risque de transfert des PPP vers la ressource en eau : un indicateur applicable au sein de l'exploitation et spécifique au contexte wallon
INDIC’eau permet globalement pour l’exploitation de situer les différentes pratiques agricoles au regard de celles du territoire et d’identifier les améliorations possibles en vue de réduire la pression exercée sur l’eau via la mise en place d’alternatives, notamment en termes de lutte contre les adventices, de la promotion du désherbage mécanique, de la réduction de doses ou de réflexions concernant les schémas de traitements (substitutions chimiques). L’indice de substance active par culture (ISAC), de manière plus large, et via la quantification de l’usage basée sur les s.a. permet une comparaison non biaisée entre les différentes applications d’herbicides pouvant être mises en place dans les stratégies de désherbage.